Le 5 juin dernier, le CTA, en collaboration avec le Secrétariat ACP, la Commission européenne, TradeCom, l’Organisation panafricaine des agriculteurs (PAFO) et Women in Business Development Incorporated (WIBDI), a organisé un atelier sur le thème « Numérisation : développement durable dans l’agriculture pour les femmes : soutenir l’accès des femmes aux TIC pour l’agriculture », à l’occasion des Journées européennes du développement 2018, organisées à Bruxelles.
Lors de cet atelier, les possibilités de numérisation pour et par les femmes dans l’agriculture ont été présentées et un débat a été organisé sur la manière dont ces possibilités peuvent être exploitées pour améliorer les moyens de subsistance.
En dépit des progrès de la numérisation, les différences d’accès aux TIC entre les femmes et les hommes continuent de se creuser. Les femmes sont 14 % moins susceptibles de posséder un téléphone portable que les hommes, et 25 % de femmes et de filles en moins utilisent internet. Par conséquent, les agricultrices, en particulier dans les zones rurales, ont souvent des difficultés d’accès aux informations pertinentes, aux produits et aux services financiers, et aux marchés. Par ailleurs, elles participent rarement à l’élaboration des politiques concernées.
L’atelier a mis en exergue quatre éléments :
• Les femmes ont nettement moins accès à des technologies mobiles utiles qui leur permettraient d’être des agricultrices plus efficaces, principalement à cause du manque de fonds disponibles et de l’absence de partage par les hommes.
• Pour combler le fossé numérique entre les femmes et les hommes, il faut insister sur la nécessité pour les femmes des zones rurales d’avoir les connaissances financières et logistiques requises.
• Les décisions financières majeures qui concernent les femmes et l’agriculture devront être prises rapidement, à l’approche de la prochaine période budgétaire septennale de l’Union européenne.
• L’aide aux femmes dans l’agriculture est trop fragmentaire. Les organisations telles que le Groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) doivent davantage se concentrer sur des programmes qui visent à répondre aux besoins et à améliorer les connaissances des femmes.
Il est tentant d’utiliser des technologies de haut niveau, telles que les drones et les big data, afin de « connecter les non connectés ». Pourtant, il ne faut pas pour autant écarter bon nombre de compétences informatiques de base nécessaires aux petites entreprises, telles que la création d’une feuille de calcul et les recherches gratuites de base sur internet afin d’explorer les sites internet pour y dénicher des possibilités sur les marchés locaux.
Dégager les bonnes solutions pourrait avoir des avantages énormes : certains estiment qu’entre 100 à 150 millions de personnes pourraient sortir de la pauvreté en augmentant leur productivité de 20 à 30 %. Afin d’y parvenir, il faudra émanciper davantage les femmes, qui n’auront plus besoin d’un père pour prouver leur solvabilité face aux directeurs d’établissements bancaires masculins.
Plus de 50 milliards d’euros ont été dépensés en faveur du développement dans le cadre de la période budgétaire actuelle de l’UE. Il faut absolument garantir que les agriculteurs, et en particulier les agricultrices, soient soutenus dans le cadre de ces investissements.
Autre recommandation : les 79 pays ACP doivent davantage s’efforcer de démontrer leur sensibilité aux questions de genre.
Si le pouvoir passe par la connaissance, des millions de femmes des zones rurales les plus pauvres du monde ont cependant souvent un accès restreint ou nul à internet et à des smartphones fiables et abordables. Il faut donc redoubler d’efforts afin de réveiller l’intérêt latent des femmes pour les technologies de l’information et la force économique puissante que cet intérêt susciterait. Il serait opportun que le Groupe ACP adopte cette approche de manière plus large et ciblée.
Intervenants:
– Christopher Addison: Expert Senior en Digitalisation, Data4Ag, Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA)
– Rose Funja: Directrice Générale, Agrinfo Company Limited
– Viwanou Gnassounou: Secrétaire général adjoint, Secrétariat ACP
– Michael Hailu: Directeur, Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA)
– Naledi Magowe: Cofondatrice,Directrice générale du marketing, Brastorne Enterprises
– Linda McAvan: Présidente de la Commission du Développement, Parlement européen
– Gillian Stewart: Directrice de Programme, Women in Business Development Incorporated
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Source: CTA, Commission européenne