Véritable héros en Guinée-Bissau et au Cap Vert et personnalité majeure de l’histoire panafricaine, Amílcar Cabral, tire son nom du général carthaginois Hamilcar Barca, qui a conquis la Sicile en 241 avant J.-C., avant d’occuper la majorité du territoire ibérique. Né dans l’actuelle Libye, il était l’un des dirigeants les plus admirés d’un État situé dans l’actuelle Tunisie. Il s’agit là d’un rappel édifiant des liens historiques étroits qu’entretiennent les deux continents, qui ont connu, à travers l’histoire, des périodes de relations intrinsèques, du commerce à la traite des esclaves, de la collaboration à la domination coloniale, et de l’indépendance à l’exploitation. Aujourd’hui, nous aspirons tous à nouer un partenariat. Tout comme nos relations ne peuvent être réduites aux accords de Lomé ou de Cotonou, notre rapport profond avec les diverses régions ne peut être cantonné aux conditions strictes de la configuration ACP. Les arguments politiques, culturels et historiques démontrent à l’envi qu’il est incongru de vouloir mettre ces trois groupes dans le même sac, n’en déplaise à l’Union européenne et à ses préférences institutionnelles, auxquelles nous nous sommes tous adaptés. Le « A » d’ACP ne couvre pas l’ensemble de l’Afrique, de même que son « C » n’englobe pas tout le territoire caribéen et que son « P » ne fait pas référence à tous les États du Pacifique. Les trois régions visées par la notion de pays ACP ont été regroupées par la typologie de l’aide au développement. Il en va de même pour certains pays africains, associés avec le Bangladesh au sein de la typologie des pays moins avancés, ou d’autres encore avec le Kazakhstan dans la catégorie des États enclavés, et ainsi de suite. Cette anomalie a été identifiée depuis longtemps par l’Union européenne. Elle a fait l’objet de nombreux accords institutionnels qui dépassent l’accord de Cotonou. Aux yeux de l’Afrique, ces divers accords dépassent littéralement le cadre ACP.
Source: newtimes.co.rw